[COMMUNIQUÉ] Soutien aux femmes polonaises, premières victimes de l’interdiction de l’avortement
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Ceci est un communiqué rédigé conjointement par la Commission Europe et la Commission Féminisme :

Depuis jeudi 22 octobre, les polonaises et les polonais se mobilisent de nouveau dans la rue pour la défense du droit à l’avortement, que la Cour constitutionnelle, devenue le simple bras armé judiciaire du gouvernement en place, a déclaré inconstitutionnel. 
 
Dans un pays qui connaissait parmi les législations les plus restrictives d’Europe, entraînant de 100 000 à 120 000 avortements illégaux et risqués par an en Pologne, la Cour constitutionnelle s’est notamment appliquée à annuler la possibilité pour les femmes enceintes d’avorter dans le cas d’une « malformation grave et irréversible » du fœtus ou d’une « maladie incurable ou potentiellement mortelle ». Cette décision revient à interdire le droit à l’avortement des femmes polonaises, qui, en 2019, avaient avorté à 98% pour des raisons de malformations du fœtus. La décision supprime donc le principal motif qui permettait aux femmes polonaises d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG). 
 
Cette décision est un recul majeur des droits des polonaises, qui souffrent de l’agenda de l’aile la plus à droite de la coalition nationaliste conservatrice au pouvoir, et de son éloignement avec l’État de droit prôné au sein de l’Union européenne. Et ce sont les femmes, qui en première ligne, essuient la dureté de cette idéologie coercitive alors même que, d’après une étude IPSOS de 2019, 53 % de la population polonaise est favorable à une légalisation de l’avortement jusqu’à la douzième semaine de grossesse.

La Commission Europe et la Commission Féminisme :

  • dénoncent cette régression pour les droits sexuels et reproductifs et des femmes polonaises, et pour leur santé physique et mentale ;
  • appellent l’Union européenne, et ses États-membres, à condamner cette violation des droits humains, qualifiée de torture par la Cour européenne des droits de l’Homme ;
  • appellent à protéger le droit à l’avortement en l’inscrivant dans le Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne afin de garantir l’accès à la contraception et à l’avortement pour toutes les européennes, sans distinction ;
  • appellent à un élan de solidarité afin que l’accès à l’avortement puisse continuer d’être garanti en dépit des interdictions, s’adressant notamment aux gouvernements européens et à chaque personne qui le peut à soutenir financièrement les organisations telles que women on web, women help women, the safe abortion network ainsi que l’initiative abortion without borders et Kobiety W Sieci en Pologne ;
  • demandent, dans un contexte de négociations des fonds structurels européens, que les financements de l’Union européenne soient conditionnés au respect des droits humains.