Histoire de l’écologie politique
Partager

Aux origines des Verts

L’histoire commence bien avant la date de la fondation des Verts en 1984 à Clichy… Peu après 1945, alors que le mode de développement des pays industrialisés provoque une réelle prise de conscience des dégâts de la croissance et de la crise écologique, des penseurs et des naturalistes de sensibilités diverses tentent alors de faire réagir le public à ces problématiques que certains relient à l’économie ou à la critique sociale. De leurs « disciples » impliqués au sein des associations de défense de l’environnement, naîtront les militants qui, dans l’effervescence de l’après 68, feront émerger l’écologie comme sensibilité politique. Dès lors, une prédisposition à l’écologie s’installera, et dès le début des années 70, le groupe « Survivre » en Alsace et la filiale française des « Amis de la Terre » seront créés. En 1971, les premiers candidats écologistes se présenteront aux élections cantonales en Alsace. Toutefois, la première apparition médiatique ne survient qu’avec la candidature à l’élection présidentielle en 1974 de René Dumont, agronome tiers-mondiste. Bien que perçu comme un candidat marginal, ses interventions télévisées, avec l’image du verre d’eau bu à l’écran : « tant qu’on peut encore boire », pèseront sur les esprits bien au-delà des 1,32 % et marqueront l’entrée réelle de l’écologie dans le champ politique. René Dumont dira voter au second tour pour François Mitterrand « à titre personnel ».

31 juillet 1977 Manifestation contre la centrale
SuperPhoenix Crédit Photo AFP

Suite à la campagne « Dumont », le Mouvement Écologiste, première organisation écologiste nationale, est fondé aux assises de Montargis. Symbolique de la culture libertaire du mouvement, la Fédération Anarchiste figurera parmi les groupes d’adhérents et le quittera d’ailleurs quand des candidats seront présentés aux cantonales de 1976. En somme, la campagne de René Dumont comme le programme du Mouvement Ecologiste démontre que non seulement les écologistes ont beaucoup d’avance en dénonçant le risque de changement climatique et d’épuisement des ressources mais plus encore, qu’ils ont dès l’origine un programme généraliste : opposition au pillage du tiers-monde, à l’oppression des femmes, des immigrés, critique du libéralisme, autogestion ; tout y est. Les écologistes d’alors sont loin d’être à droite, mais refusent tout appel à voter pour la gauche et sont contre tout désistement. Ils estiment ne pas être « propriétaires de leurs voix » ; les électeurs, pensent-ils, étant capables de se déterminer eux-mêmes. Au Larzac, emblème de la contestation des années 70, sur les sites de construction des centrales nucléaires, Fessenheim, Malville, Plogoff, les grands rassemblements se démultiplient tandis qu’arrivent les municipales de 1977 qui donneront une tout autre dimension aux écologistes. Les résultats des listes qu’ils présentent dans les grandes villes sont significatifs, elles dépassent parfois les 10 %. L’écologie est tellement prise en considération que l’année suivante, tous les partis politiques intègrent un chapitre « défense de l’environnement » à leur programme pour les législatives. Les liens tissés sur les terrains de lutte, le déclin de l’extrême gauche, l’image donnée lors des élections, sur une autre manière de faire de la politique, font converger vers les écologistes des non-violents, militants anti-nucléaires, sympathisants de l’extrême gauche ou proche du PSU, défenseurs de la « nature » qui se radicalisent, membres d’associations de consommateurs ou d’usagers des transports.

Manifestation sur le site de la centrale nucléaire sur le
site de Plogoff, 3 février 1980 à Plogoff
[Jean-Pierre Prevel / AFP/Archives]

L’union des écologistes

Ces succès électoraux vont alors poser le problème de l’unification des écologistes français. Le Mouvement Écologique (ME) est une formation très souple à laquelle se fédèrent des groupes locaux ou régionaux. Les Amis de la Terre, qui en 1977 se sont organisés en réseau national, forment une structure concurrente et des dizaines de groupes locaux n’appartiennent à aucun regroupement national. Cette situation n’est pas seulement due à l’émergence du mouvement, mais découle de la volonté politique d’une grande part des militants de culture libertaire qui refusent la création d’un parti car, selon eux, c’est un instrument de conquête du pouvoir qu’ils rejettent, jugeant possible de peser pour avoir non le pouvoir mais du pouvoir. Des journaux comme « La Gueule Ouverte », fondé par Pierre Fournier, ou le bulletin de l’APRE, animé par Jean-Luc Burgunder, servent alors de lien à la mouvance écologique. Pour chaque élection nationale se créent donc des coordinations temporaires « Écologie 78 » pour les législatives (4,4 %), « Europe Écologie » pour les premières élections européennes (4,4 %), « Aujourd’hui l’écologie » pour les présidentielles et les législatives de 1981. Chaque fois, il est précisé que les candidats écologistes ne se désisteront pour personne même si certains ne pourront s’empêcher d’appeler à voter pour les candidats du PS au second tour. Un des inconvénients de structuration souple est dû à l’absence de réel porte-parole. De ce fait, Brice Lalonde, auquel la candidature comme tête de liste des écologistes à Paris aux municipales de 1977 donne une visibilité médiatique, monopolise l’expression des écologistes durant cette période ; visibilité qui sera accentuée plus tard par sa candidature à la présidentielle de 1981 (3,9 %). Une partie des écologistes ressent le besoin d’une structure pérenne et c’est une minorité qui décide alors de créer le « Mouvement d’Écologie Politique » (MEP) en 1980 dans lequel se fond le « Mouvement Écologique » qui sera présidé par Philippe Lebreton. Il ne s’agit plus d’une fédération de groupes ; l’adhésion y est individuelle et l’appartenance avec un autre parti politique est proscrite. On y retrouvera notamment, Antoine Waechter, Solange Fernex et Jean Brière. En opposition se créera, en juillet 1981, une Confédération Écologiste, avec Brice Lalonde et Pierre Radanne, qui se voulait être une structure très souple, regroupant des groupes locaux. En 1982, des militants lancent un appel pour la création d’une structure unitaire et des discussions sont amorcées entre les deux organisations, le MEP se transforme en « Les Verts – Parti écologiste » et la Confédération écologiste en « Les Verts – Confédération écologiste ». À Clichy, les 28 et 29 janvier 1984, les deux organisations s’unissent dans un parti unique, « les Verts », qui porte en sous-titre « Confédération écologique – Parti écologiste » pour bien marquer la double nature de la nouvelle organisation ; à la fois parti politique et mouvement.

Ancien logo pour Les Verts 

Vingt-six ans d’existence des Verts

Un an après l’unification, les Verts ont environ 1 000 adhérents, la liste de Didier Anger, aux européennes, ne fait que 3,37 %, les caisses sont vides et l’écologie, après ses succès des années 70, cesse d’intéresser les médias. Sous l’influence d’Yves Cochet, Didier Anger, Jean Brière et Guy Marimot décident de mettre en avant le social et le partage du travail et des richesses. Des appels sont lancés aux militants du PSU, du MAN (Mouvement pour une alternative non-violente), de la gauche alternative pour qu’ils rejoignent les Verts. Aux législatives de 1986, les Verts n’obtiennent que 1,2 % des suffrages ; la direction est en échec. En septembre, c’est sur sa ligne d’ouverture aux autogestionnaires et alternatifs que l’assemblée générale la désavoue. La motion d’Antoine Waechter et Andrée Buchman, « L’écologie n’est pas à marier » est majoritaire. Celle-ci réaffirme l’écologie politique comme pensée originale différente de la droite et de la gauche et refuse toute alliance électorale. À l’Assemblée générale de 1988, Antoine Waechter conforte encore sa majorité et l’emporte nettement pour sa candidature à l’élection présidentielle de 1989 où il obtiendra 3,8 %. En dépit de la concurrence de Pierre Juquin, dissident du PCF, qui attire nombre de sympathisants aux idées écologistes et qui adhérera d’ailleurs aux Verts en 1991. Quand bien même l’alliance avec la gauche permit de renforcer la présence des Verts dans les exécutifs, les élections municipales de 1989 sont marquées par un fléchissement du nombre de voix. Les Verts présentent des listes Vertes et ouvertes qui se maintiendront au second tour et ne fusionneront que sur un programme précis et rendu public. Ils obtiennent en moyenne 9 %, ont 300 élus au soir du premier tour et autant sur des listes maintenues au deuxième tour et sur la dizaine qui ont passé des accords avec le PS. Deux alliances de second tour avec la droite seront cependant l’objet de fortes critiques au sein du mouvement. Les Verts entrent en nombre dans les exécutifs locaux. Aux élections européennes de juin, la liste menée par Antoine Waechter avec 10,6 % des suffrages (2 millions de voix), réalise le meilleur résultat historique des Verts qui auront alors 9députés et compteront près de 6 000 adhérents.Durant cette période et contrairement aux légendes, les Verts n’ont jamais cessé de s’investir sur des problèmes autres qu’environnementaux. Ils manifestent contre la guerre du Golfe en 1991 et s’impliquent dans de vifs débats sur le traité de Maastricht. Antoine Waechter et Yves Cochet sont pour le « Oui », Dominique Voynet ou Alain Lipietz pour le « Non ». La division est telle que le mouvement ne prendra pas de position. Même si, dans la grande majorité, les Verts ne contestent pas l’écologie en tant que troisième courant politique, (dans l’état d’esprit du « ni droite ni gauche » figurant déjà sur les affiches de campagne des législatives de 1981), nombreux sont ceux qui refusent néanmoins de mettre gauche et droite sur le même plan. Le refus des alliances pour les élections au scrutin majoritaire est contesté tout autant que la fermeture de la majorité qui fait grand débat au sein d’un mouvement où la proportionnelle et le respect des minorités figurent dans les principes fondamentaux. En 1991 toujours, ce sera l’appel : « Les Verts au pluriel » lancé par Dominique Voynet et Gérard Onesta qui va agiter la vie interne du mouvement. Signé par des Verts de différentes tendances, il propose l’ouverture à d’autres courants tout en remettant en cause l’état du parti sans toutefois dénier le rôle de leader à Antoine Waechter. En guise de réponse, les fidèles d’Antoine Waechter opposeront une fin de non recevoir.

Antoine Waechter, candidat de l’écologie en 1988
 
Aux élections régionales de 1992, les listes étiquetées écologistes connaissent un succès non négligeable (14 %), mais les Verts, concurrencés par Génération écologie, parti fondé par Brice Lalonde et Noël Mamère à l’instigation de François Mitterrand pour assurer une réserve de voix au PS, n’obtiennent que 7 %. Ces élections apparaissent comme une réussite ; Marie-Christine Blandin enlève la présidence de la région Nord Pas-de-Calais. L’année suivante, malgré un accord avec Génération écologie, les Verts n’ont aucun député. La stratégie du refus d’alliance qui n’avait guère été contestée dans des élections à la proportionnelle montre ses limites dans les scrutins majoritaires. L’adhésion de militants venus de l’extrême gauche ou du PSU et le délitement de Génération écologie contribuent de plus à renforcer la minorité à l’Assemblée générale de 1992. Si Antoine Waechter reste majoritaire, la liste au quart national du CNIR menée par Dominique Voynet arrive en tête avec 40% des suffrages. En novembre 1993 a lieu un tournant stratégique. La motion d’Antoine Waechter est supplantée par celle qui est incarnée par Dominique Voynet. La motion de synthèse de l’AG de Lille recueille 62 %, le « ni droite ni gauche » est défini de telle sorte qu’il autorise les alliances électorales avec les partis de gauche. L’image des Verts dans l’opinion publique est alors celle de chapelles divisées tant par les tensions internes au sein des Verts que par l’existence de Génération écologie et de divers partis nés de ses dissidences ou exclusions. Aux élections européennes, la liste menée par Marie-Anne Isler Beguin en pâtit (moins de 3 %), les Verts perdent leurs députés. Le départ d’Antoine Waechter et de ses proches pour fonder le Mouvement Ecologiste Indépendant (MEI) aggrave cette division. La nouvelle direction met rapidement en place ses orientations d’union d’une partie de la « gauche de la gauche ». Dominique Voynet est ainsi désignée comme candidate des Verts à la présidentielle de 1995 non seulement par les Verts mais dans un scrutin où participent divers groupes de la mouvance de la gauche alternative. La campagne apparaît souvent peu visible sur les thématiques traditionnelles des Verts et le résultat n’est pas probant pour la nouvelle équipe : 3, 3 %. Fin 1995, à l’AG du Mans, la motion de synthèse qui recueille 75 % des voix propose d’engager avec la gauche une réflexion sur les conditions d’un accord politique, non pour une simple alternance mais pour une alternative. La minorité estime qu’une telle alliance est prématurée, le rapport des forces ne permettant pas aux Verts de peser suffisamment pour proposer une alternative. La dissolution de l’Assemblée nationale en 1997 précipitera les échéances. Un accord avec le PS prévoit l’instauration de la proportionnelle, un moratoire sur le nucléaire, l’abandon de quelques grands projets, la suppression des lois Debré sur l’immigration etc., des candidatures uniques sur 150 circonscriptions (30 pour les Verts, 100 pour le PS). Les Verts ont pour la première fois quatre députés, trois autres candidats « écologistes » sont élus dont deux rejoignent les Verts. La victoire de Lionel Jospin permet aussi la première participation Verte à un gouvernement : Dominique Voynet devient ministre de l’Aménagement du territoire et de l’environnement dans un gouvernement de « majorité plurielle ».

La participation gouvernementale semble un succès. Différents partis se réclamant de l’écologie rejoignent les Verts, 74 conseillers régionaux sont élus aux régionales de 1998 et, en 1999, 9 députés vont siéger au Parlement européen. Si les premières années Jospin sont prometteuses (réduction du temps de travail, abandon de Superphénix et du canal Rhin-Rhône), l’accord de gouvernement n’est vite plus respecté. Si en 2000, l’entrée au gouvernement de Guy Hascoët donne aux Verts un second portefeuille, il n’est plus question de proportionnelle, le soutien du PS manque sur la taxation du gazole, les lois sur la chasse et l’eau. Lionel Jospin manque à ses promesses électorales notamment sur la régularisation des sans papiers. La proportion de Verts qui contestent la participation gouvernementale croît à chaque trahison du contrat de mandature. L’échec de Jospin à la présidentielle de 2002 sera la sanction de ces renoncements et d’une politique ne répondant pas aux attentes de son électorat. Un changement de majorité suivra lors de l’assemblée générale des Verts de décembre 2002 à Nantes. La nouvelle majorité est élue sur une orientation plus critique par rapport au Parti socialiste. Aux élections municipales de 2001, les Verts font de très bons scores dans les grandes villes et participent à de nombreux exécutifs. Aux élections présidentielles de 2002, après le retrait de la candidature d’Alain Lipietz, Noël Mamère passe pour la première fois la barre des 5 %, avec 5,25 %. Mais la qualification de Jean-Marie Le Pen au second créera un tremblement de terre politique qui se ressent encore dix ans après. Seuls trois députés entrent à l’Assemblée nationale. Lors de l’Assemblée Fédérale de Nantes une majorité estime qu’il aurait fallu sortir du gouvernement dès 2000 quand le contrat passé avec le Parti socialiste avait cessé d’être respecté. Gilles Lemaire succède à Dominique Voynet au poste de Secrétaire national. Les années suivantes sont difficiles pour le mouvement. En raison de leurs faibles scores aux élections législatives, peu de candidats sont remboursés de leurs frais de campagne par l’État. Les bons résultats réalisés aux élections régionales de 2004 par les listes autonomes et la victoire des listes de la gauche et des Verts dans toutes les régions de France, sauf l’Alsace, au soir du second tour, semblent stopper la série noire. Les Verts font leur entrée dans la majorité d’une vingtaine de régions. À l’Assemblée fédérale de Reims fin 2004, une motion de synthèse est votée à 92 %. Le vote massif de la synthèse apaise le mouvement. Le Secrétaire national Gilles Lemaire est remplacé par l’ancien porte-parole Yann Wehrling. L’Assemblée fédérale de Bordeaux en novembre 2006 confirmera ce rassemblement du mouvement. Cécile Duflot devient la nouvelle secrétaire nationale. À l’issue d’un référendum interne, les Verts optent majoritairement pour un « oui de raison » au référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel européen. Tout en critiquant son contenu très libéral, ils choisissent de défendre les avancées institutionnelles en faveur de la construction européenne. Toutefois, une partie des militants fait campagne pour le « non ». A l’issue du vote négatif, ils souhaitent relancer la construction d’une Europe plus sociale et plus démocratique. En septembre 2006, le parti adopte à l’unanimité une motion sur la demande d’une nouvelle constitution européenne qui ne serait pas sujette aux critiques faites au TCE. Dominique Voynet est à nouveau la candidate des Verts à l’élection présidentielle de 2007 où elle obtient 1,57 % des suffrages.

Europe Écologie Les Verts

Après le faible score obtenu par Dominique Voynet, beaucoup s’interrogent sur l’avenir des Verts. Si les Verts doivent faire face à quelques défections dont les anciens Secrétaires nationaux Jean-Luc Bennahmias et Yann Wehrling qui rejoignent le MODEM, les départs sont peu nombreux et les Verts n’ont aucune difficulté à aligner plus de candidats pour les élections municipales de 2008 qu’en 2001. Les résultats des élections municipales et cantonales de 2008 permettent d’obtenir 18 conseillers généraux, 41 maires et de très nombreux adjoints dans un nombre grandissant de municipalités. La campagne des Européennes de 2009 est lancée par un appel au rassemblement de l’écologie intitulé Europe Ecologie et signé de Jean-Paul Besset, Daniel Cohn-Bendit, Cécile Duflot, Éva Joly, José Bové, Yannick Jadot, Monica Frassoni et Antoine Waechter. Les listes Europe Écologie obtiennent 16,28 % des voix au niveau national et 14 députés au Parlement Européen, autant que le PS. C’est le meilleur score national à ce jour. Le processus de rassemblement des écologistes se poursuit aux élections régionales de 2010. Les listes écologistes obtiennent 12,2% en France et 16,6% en Ile-de-France. Après ces bons résultats électoraux, le processus de rassemblement se poursuit. La fusion des Verts et des militants venus avec Europe Écologie a lieu le 13 novembre 2010 à Lyon, lors d’Assises constituantes. Les Verts officialisent le changement de leurs statuts et la modification de leur nom, ils s’appellent désormais Europe Écologie Les Verts. Philippe Meirieu devient le premier président du Conseil fédéral. Cécile Duflot reste Secrétaire nationale. En mars 2011, aux élections cantonales, EELV obtient 8,22 % des suffrages et compte désormais 54 conseillers généraux. En septembre 2011, à l’issue des élections sénatoriales, le Sénat a une majorité de gauche. Les écologistes passent de 4 à 10 sénateurs et obtiennent un groupe au Sénat. Eva Joly, candidate désignée par EELV obtient 2,31% à l’élection présidentielle de 2012. Aux élections législatives qui suivent, EELV obtient 6,27% en moyenne nationale ; et, grâce à un accord avec notre partenaire socialiste, 18 écologistes entrent à l’Assemblée nationale, pouvant ainsi pour la première fois former un groupe parlementaire. Deux ministres entrent au gouvernement : Pascal Canfin et Cécile Duflot. En 2014, la situation politique évolue. Les élections municipales sont un échec pour la gauche. Si les listes écologistes remportent de bons scores au premier tour, de nombreuses municipalités sont perdues par la gauche au second. Ainsi, nous n’avons pas perdus d’élu/es, mais beaucoup se retrouvent dans l’opposition à la droite. Il faut noter qu’à Paris, les écologistes font un bon score au premier tour (8,86 % en moyenne parisienne), permettant de passer 9 à 16 élu/es au Conseil de Paris. A l’issue des élections municipales, un nouveau gouvernement est mis en place avec Manuel Valls comme Premier ministre mais auquel les écologistes ne participent pas, tout en restant dans la majorité à l’Assemblée nationale. Avec 9,68 % aux élections européennes de juin, Pascal Durand et Éva Joly représentent l’Ile-de-France au Parlement européen.

Logo Europe Écologie Les Verts 

En 2015 se tiennent les élections régionales. En Île-de-France, c’est Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV, qui mène la liste des écologistes. Avec 8,03% des suffrages, les écolos sont la troisième force politique, derrière l’union de la droite et le parti socialiste. Mais au second tour la droite de Valérie Pécresse l’emporte de peu sur la liste d’union de la gauche et des écologistes menée par Claude Bartolone. C’est l’alternance au conseil régional, et les écologistes se retrouvent dans l’opposition. S’engagent alors des années de combat politique pour tenter de préserver des avancées que la nouvelle présidente de région s’emploie à défaire, notamment au niveau des transports en commun, de l’éducation, des projets d’aménagement ou de la solidarité.

Au niveau national le mandat de François Hollande se termine dans l’impopularité, et fracture la gauche du fait d’un certain nombre de choix politiques à rebours du progrès social (sur la politique fiscale, la régulation du marché du travail, l’accueil des réfugiés notamment). Le positionnement des écologistes est alors difficile : pris en tenaille entre une social-démocratie productiviste et une droite dont les projets se rapprochent de ceux de l’extrême-droite. Dans les institutions et sur le terrain, les écolos continuent pourtant à faire  vivre leurs idées en alertant sur l’urgence climatique. Au Parlement, les élu-es écolos arrivent faire évoluer la législation sur certains sujets : sur le logement, les indicateurs de richesse ou la santé environnementale par exemple.  La multiplication des rapports scientifiques alarmistes sur l’environnement participe à la prise de conscience de l’urgence climatique, et pas seulement en France. Fin 2015, lors de la COP21, sommet mondial sur le climat qui se déroule à Paris, des objectifs ambitieux sont signés pour lutter contre le dérèglement climatique puisque 195 pays se mettent d’accord pour limiter le réchauffement mondial entre +1,5 et +2 degrés d’ici 2100. Mais très vite, le fossé entre l’écologie des paroles et l’écologie des actes se creuse. En France notamment, où le rôle central du nucléaire au détriment des énergies renouvelables est confirmé, la fiscalité écologique reste marginale et les grands projets inutiles imposés destructeurs du climat et de la biodiversité ne sont pas remis en cause.

En 2017, François Hollande fait le choix de ne pas se représenter, laissant la place à une primaire de la gauche d’où Benoît Hamon sort vainqueur, battant le premier ministre sortant, Manuel Valls. Les écologistes, ayant dans un premier temps fait le choix de l’autonomie pour l’élection présidentielle, et ayant désignés par l’intermédiaire d’une primaire Yannick Jadot, font finalement le choix d’une alliance avec Benoît Hamon. Ceci pour plusieurs raisons : négociation d’un accord programmatique et législatif avantageux, crainte d’une dispersion des voix de la gauche et des écolos au premier tour qui favorise la droite et l’extrême-droite. Mais les ambiguïtés du candidat Hamon qui refuse de rompre avec le parti socialiste, et la percée de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, aboutissent à un faible score pour Hamon. Avec la victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle, et de son parti En Marche aux législatives, les écologistes sont dans l’opposition. La politique macroniste est en effet clairement libérale et traite les questions environnementales avec mépris, en témoigne la démission spectaculaire de Nicolas Hulot de son poste de ministre de la transition écologique, affirmant : « j’ai décidé de ne plus me mentir ».

Fin 2018 beaucoup restait à faire donc, pour ne plus se mentir sur l’état de la planète et l’ampleur des changements politiques à effectuer pour sauver le climat et donner à chaque habitant-e de la planète les moyens de s’épanouir dans la vie. Du local au global, le combat des écologistes continue !

Nos valeurs fondatrices

L’écologie politique

L’écologie politique est née d’une analyse critique de notre société actuelle, du constat des dégradations qu’elle engendre sur notre environnement d’abord, mais aussi sur notre capacité à vivre ensemble, à nous épanouir, à nous libérer de dominations parfois insidieuses. C’est pourquoi les combats environnementaux, mais aussi le régionalisme, le féminisme, l’anti-productivisme, la pacifisme, la critique de la société de consommation sont à l’origine du mouvement écologiste. Être écologiste, c’est peut-être d’ailleurs avant tout croire en l’humanité, en sa capacité à changer cette société, à ne pas se soumettre à un cours de l’histoire que d’aucun présente comme inéluctable. L’écologie politique c’est d’abord une vision du monde, celui d’un monde fini, aux ressources limitées, qui ne peut supporter ni une expansion infinie, ni un laissez-faire individualiste. C’est pourquoi la question de la régulation, mais plus encore de la répartition des richesses, de la réduction des inégalités, de la juste répartition de ces ressources limitées est au cœur de la pensée écologiste. C’est aussi une vision de l’humanité, responsable de son propre destin et de celui de la planète. Une humanité aussi qui ne peut être réduite au statut de producteur-consommateur, dont l’épanouissement ne passe pas par l’accumulation de biens, mais par l’accomplissement de toutes ses dimensions : culturelles, conviviales, éthiques… Quatre valeurs fondatrices définissent l’écologie politique

1. L’autonomie, qui plus que la liberté formelle, est chez les écologistes, une orientation pragmatique : « mettre chacun en capacité de prendre son destin en main », être toujours en capacité de voir les conséquences de son action, ne pas se laisser déposséder de cette liberté, être toujours en capacité de faire des choix.

2. La responsabilité, valeur fondatrice, vis-à-vis des autres, de la nature et des générations futures.

3. La solidarité, née de la conscience de l’interdépendance des destins humains, et de la nécessité d’un partage équitable de biens communs et limités.

4. La non-violence et la démocratie participative, parce que les écologistes croient définitivement en la possibilité de résoudre les conflits ou de trouver le juste chemin, par la discussion et la transparence.